Au banc d'essai de l'Auto-Journal
Le 4 novembre 1971, Opel Ascona 1200
OPEL ASCONA 1.2





Comme tant d'autres constructeurs, Opel n'avait pas cette année grand-chose de nouveau pour attaquer la nouvelle saison automobile. Toutefois, l'Ascona est désormais flanquée de deux nouvelles versions, la 1900 SR et la 1200. Pour cette dernière, on laisse entendre qu'elle a été étudiée spécialement pour la France, masi, en fait, Opel pense aussi à des difficultés économiques en Allemagne qui entraîneraient un glissement des acheteurs vers les petites cylindrées. 1200cc c'est dans notre pays une 7CV fiscaux, catégorie qui monte et représente déjàplus de 21% du marché. Au-delà de 7CV, la vignette que les Français digèrent mal est beaucoup plus chère. En lançant l'Ascona 1,2, Opel agit donc en Européen.
Ce nouveau modèle ne se différencie de la 1,6 que par le moteur qui n'est plus dérivé du groupe de la Rekord, mais au contraire, de celui de la Kadett. La cylindrée a été portée à 1196cc, grâce à une augmentation de l'alésage qui passe de 75 à 79mm. La compression reste de 9,2 avec un carburateur Solex 35, la puissance réelle est de 60ch DIN à 5400 t/min. La boîte n'est pas changée et demeure à quatre rapports synchronisés, avec levier central, mais l'échelonnement des vitesses est adapté à la puissance ainsi que la démultiplication du pont. Les pneus demeurent des 165 x 13, ce qui est généreux. On retrouve aussi une direction à crémaillère relativement directe, un freinage assisté avec des dissques à l'avant et une suspension très classique sur ressorts hélicoïdaux et bien sûr le traditionnel pont rigide à l'arrière. Avec soin petit moteur, l'Ascona 1200 ne dépasse pas en ordre de marche un poids de 870 kg, soit 70 kg de moins que la 1600, cet allégement se portant presque uniquement sur les roues avant. La nouvelle Opel est commercialisée en deux et quatre portes, chacune avec deux finitions différentes. Nous avions entre les mains le modèle le plus cher, soit la quatre portes "luxe".
PERFORMANCES ET CONSOMMATION
En vitesse de pointe, l'Ascona 1200 est donnée pour 146 km/h par GM-France et seulement pour... 137 km/h par un document Opel. Ce n'est pas très précis, et pour notre part, nous avons tenu à mettre les choses au point par nos essais habituels à Montlhéry, sans aucune correction bien entendu. Le conducteur seul à bord, nous avons obtenu la vitesse réelle de 139,4 km/h, ce qui nous paraît fort honorable pour une telle voiture sans prétentions de performances. Avec quatre personnes à bord, nous avons relevé 137,3 km/h. Sur la route, elle est longue à se lancer mais elle s'accroche bien sur la quatrième et maintient sa vitesse de pointe sans efforts apparents.
En accélération aussi, les chiffres correspondent à ce que nous atteindions avec un temps de 20s 3/5 aux 400m et 39s aux 1000m. Ce n'est nullement "fulgurant" comme l'affirme la publicité mais ces temps sont le revlet du caractère de la voiture. Les reprises depuis 40 km/h en quatrième, sont elles aussi normales puisque nous avons enregistré 21s 3/5 aux 400m et 41s 4/5 aux 1000m. La boîte de vitesses se manie avec beaucoup de douceur et la synchronisation ne pose aucun problème. L'échelonnement des raports est bien adapté puisque le conducteur ne se plaint d'aucun trou. La seconde monte jusqu'à 85 km/h au compteur et la troisième à 130 km/h en insistant un peu. En conduite rapide et sur parcours accidenté, il fau évidemment changer fréquemment de vitesse mais la chose est facile et le niveau sonore n'est pas exagéré sur les intermédiaires. De même la quatrième est souple et accepte fort bien de rouler à 40 km/h.
La consommation nous a aussi donné satisfaction par rapport aux performances. En effet, à 70 km/h de moyenne sur notre parcours-témoin, nous avons mesuré 6,75 litres aux 100 km tandis que sur le circuit d'essai proprement dit, à une moyenne de 110 km/h, la dépense a été de 11 litres très exactement. La courbe, à vitesse constante, démarre à 5 litres ce qui est fort peu et passe à 7,4 litres à 100 km/h pour se terminer à 13 litres à la vitesse de pointe. Grâce à la bonne adaptation de la transmission, l'Ascona 1200 peut être qualifiée d'économique.
SECURITE
Avec ses performances modestes, la nouvelle Opel devient plutôt facile à conduire sauf sur routes très dégradées où les pertes d'adhérence du train arrière se font encore sentir. Autrement, sur bon revêtement et même sous la pluie, la stabilité est suffisante pour les vitesses atteintes. L'avant allégé ne nuit pas du tout à la direction qui est toujours douce avec une précision normale. La voiture est bien équilibrée et se comporte en virage de façon neutre. Les pneus radiaux Firestone, sans être des modèles du genre, se sont bien comportés et nous ont même agréablement surpris sous la pluie. En charge, l'Ascona est beaucoup moins agréable, surtout lorsque le coffre est plein, car l'avant se déleste et perd une partie de son pouvoir directionnel.
A froid, les freins n'appellent guère de critiques ; avec un effort peu important à la pédale, ils donnent une bonne décélération. A chaud, quelques problèmes apparaissent au niveau des tambours arrière et l'efficacité diminue sensiblement. En conduite normale, le seul problème de la 1200 est l'adhérence modeste des roues arrière mais, heureusement, elles n'ont que peu de puissance à transmettre, ce qui limite les inconvénients.
CONCLUSION
Le confort général n'a absolument pas changé par rapport à la 1600 et la suspension donne des résultats moyens, sauf bien sûr les bons rtevêtements modernes. Aucun changement non plus à l'intérieur ni pour les sièges dont les dossiers sont minces mais habilement dessinés. A l'avant, les deux places sont bien calculées tandis qu'à l'arrière, la place pour les jambes demeure très mesurée. La carrosserie de l'Ascona est petite pour un moteur de 1600 mais bien adaptée à un 1200. Le coffre à bagages offre une large contenance de 325 dm3 et ses formes permettent de liger des colis très encombrants. La visibilité est aussi grâce aux grandes surfaces vitrées bien réparties. Enfin, la finition et le tableau de bord n'ont pas été appauvris et l'on trouve toujours, à défaut d'un totalisateur partiel, la grande montre et les nombreux voyants de contrôle. Les trois cadrans, derrière un verre antireflets, sont bien regroupés devant le conducteur. Tous les instruments sont facilement accessibles et le volant de sécurité n'est pas mal dessiné. Deux aérateurs sont prévus au tableau tandis qu'un bloc fumeur, allume-cigare et cendrier éclairés, est placé sur la console, entre les sièges. Le bouchon d'essence est trop bas, ce qui gêne lors des ravitaillements.
L'Opel Ascona 1200 fait partie, comme l'ancienne Simca Ariane, de ces voitures nées au hasard des conditions économiques et qui, à tout prendre, sont plus réussies parce que mieux équilibrées que le moteur de base. Trop souvent, on a tendance à mettre des moteurs trop gros dans une carrosserie et sur une suspension qui ont du mal à les accepter. Equipée du moteur robuste de la Kadett, la nouvelle Ascona devient très raisonnable et ses performances sont maintenant adaptées à ses qualités routières. D'autre part, la consommation est un peu élevée et le freinage a fait de sensibles progrès tandis que la boîte de vitesses demeure sans défauts. L'habitabilité est moyenne, surtout à l'arrière ainsi que le confort mais, pour une 1200, cela peut passer. Cette version soi-disant destinée à la France sera, croyons-nous, bien vendue dans toute l'Europe. Il suffirait de prévoir une version très dépouillée et bon marché pour que la Kadett puisse enfin prendre sa retraite.
Bernard CARAT
QUALITES- CONSOMMATION PEU ELEVEE- TRES BONNE BOITE DE VITESSES- Bon freinage- Performances honnêtes- Tableau de bord bien conçu.
DEFAUTS- PEU D'ADHERENCE A L'ARRIERE- NERVOSITE MOYENNE- Places arrière peu logeables- Esthétique sans âme- Bouchon d'essence peu pratique.