Le pire, c'est que ça m'était déjà arrivé. C'était il y a 30 ans et à l'extérieur de la maison. J'ai d'ailleurs posté l'histoire sur un autre forum il y a quelques années:
Quand Riton s'appelait Régis
« le: 27 décembre 2011, 10H 45mn 09s »
3 Avril 1988: Je suis à 4 jours de mon départ pour ma première mission de 5 mois en Afrique. Mes affaires sont prêtes, l'excitation est teintée d'appréhension, mais quand il faut y aller..... Ombre au tableau, ma copine (la future Madame riton) reste en France, et il va nous falloir apprendre à gérer cette longue séparation. En attendant, nous passons le plus de temps possible ensemble.
C'est justement Dimanche et il fait beau. On en profite pour faire une balade en voiture dans la campagne environnante. L'Opel Manta B 2L 1979 (En fait une Berlinetta 1900 dont j'ai coulé le moteur d'origine en déjaugeant dans un col où je faisais l'imbécile) remplit vaillamment son office, sauf que depuis quelques jours, ça pue l'essence dans la bagnole, au point de donner mal au crâne au conducteur et aux passagers. Il faudrait quand même prendre le temps de voir ce qui se passe. Il est 17h, on a réservé 2 couverts pour 20h au resto-où-les-pizze-sont-si-bonnes, j'ai donc largement le temps de procéder à la réparation qui s'impose.
17h30, la Manta est garée dans la cour de la maison familiale. Ouverture du capot et mise en route. Le problème est vite repéré: Le tube métallique qui contourne le moteur pour amener l'essence au carbu est sorti d'un de ses colliers clipsés et a frotté contre la culasse sur laquelle il s'est usé jusqu'à ce qu'il perce. Un minuscule jet de carburant en jaillit. Je coupe le contact.
Aucun problème, j'ai un tas de pièces dans mes garages. (Je roule Opel propulsion depuis des années et j'ai toujours 1 ou 2 moteurs, des boîtes, démarreurs, alternateurs, allumeurs, etc… d'avance, la plupart d'entre eux étant interchangeables d'un modèle à l'autre)
Je vais donc d'abord prélever le tube en question sur un de mes moteurs, et commence ensuite à démonter celui qui fuit. Pas besoin de débrancher la batterie, c'est bon pour les blaireaux. )
Je desserre les 2 colliers qui relient le tube aux durites situées à ses extrémités et je le déconnecte. L'essence qu'il contenait se répand par terre. Plus qu'à le retirer et mettre l'autre en place. Je tire. Il vient d'un côté, mais pas de l'autre bien entendu. Le voilà coincé entre le bloc et l'alternateur. J'essaye bien de le faire reculer, mais le moteur est chaud et me brule les mains (normal). De toute façon, foutu pour foutu, peu importe s'il tord ou même casse. Je tire de toutes mes forces. Il vient d'un coup et tutoie la borne positive de l'alternateur. Flash / vlouf ! Voilà l'essence par terre qui s'enflamme.

"Pas grave", que j'me dis, "je vais déplacer la voiture". Elle est au point mort et je la pousse en arrière. Ben oui, sauf que le feu me suit parce que l'essence coule par le tuyau qui arrive du réservoir. Me voilà au bout de la cour. Pas moyen de faire autrement que de repartir dans l'autre sens pour ne pas que le feu se concentre à un seul endroit. Je tire la voiture par la calandre tout en piétinant les flammes qui sont derrière moi. Le problème, c'est que je ne peux tout de même pas faire ça jusqu'à ce que le réservoir soit vide. Par ailleurs, si j'arrête mes va et vient, la bagnole va brûler. J'en fais donc une dizaine tout en appelant à la rescousse. Personne ne m'entend, évidemment.
Coup de bol, ma mère sort pour mettre un truc à la poubelle, elle appelle mon père qui vient à son tour. On analyse la situation tout en poussant / tirant. Pas d'extincteur (Ca sert à rien - c'est bien connu - jusqu'à ce qu'on en ait besoin). Il faudrait se coucher sous la bagnole pour boucher le tuyau qui vient du réservoir, mais il est mal placé (derrière la roue avant) et puis surtout, il y a forcément pas mal de flammes autour) Après avoir vainement balancé de la terre du jardin sur le foyer, on décide d'utiliser le tuyau d'arrosage. (Pas idéal pour les feux d'hydrocarbures, mais comme on n'a rien d'autre… )
Je fonce chercher et raccorder le dérouleur pendant que mes parents poussent et tirent la voiture tout en piétinant allègrement la traînée d'essence en feu. J'arrive avec le tuyau, tourne le diffuseur du jet: Rien.

Evidemment ! On a fermé et purgé les tuyauteries extérieures à l'entrée de l'hiver dernier, et elle n'ont pas encore été remises en service. Je grimpe à l'étage 4 à 4, ouvre la vanne d'arrêt située derrière la baignoire et redescends.
Cette fois, c'est bon, Mon père asperge la zone en feu, la refroidissant suffisamment pour me permettre de boucher la durite d'alimentation avec mon pouce. Sur mes instructions, ma copine, dont on se demande bien où elle était passée pendant tout ce temps, va chercher au garage une vis de 8 que j'enfile en force dans la durite pendant que mon père finit sans mal d'éteindre le feu qui n'est plus alimenté.

18h, je fais les constatations médico-légales. L'alternateur, le faisceau qui le relie au régulateur externe, le faisceau HT et le câble positif du démarreur, brûlés au 3é degré sur plus de 50% de la surface du corps, ne survivront pas. Heureusement, j'ai tout ce qu'il faut en magasin. Avant de commencer le démontage, je débranche la batterie (Précaution indispensable comme chacun sait). Je fais place nette et me rends dans mon garage pour prélever les organes sains dont j'ai besoin. Je suis en train de retourner à la voiture avec mes pièces quand ma copine me demande de venir toutes affaires cessantes. Je me rue dans la casbah. Il y a de l'eau dans le couloir et ma chambre, située au rez-de-chaussée, est inondée. Quand j'ai ouvert la vanne d'arrêt, je n'ai pas pensé à refermer la purge !

Ca fait 20 bonnes minutes que l'eau pisse dru derrière la baignoire. Elle a traversé le plancher en bois et le plafond. Il pleut des cordes d'eau douteuse dans la piaule, y compris sur mes affaires de voyage et sur le paddock ! Là je dois dire que j'ai un moment de découragement.

Prenant les choses – et les balais - en main, ma mère et ma copine, une fois la purge resserrée, me renvoient à ma première priorité et commencent à pousser toute cette flotte dehors par le couloir. A ce moment précis, un copain de mes parents qu'on n'a pas vu depuis des années se pointe sans prévenir pour boire l'apéro avec la moitié de sa nombreuse famille.
19h15, j'ai fini. Je rebranche la batterie et redémarre. Le moteur cale une fois ou deux, le temps que le tuyau d'alimentation se remplisse, mais finit par tourner régulièrement. Le nouvel alternateur charge, tout marche. Je nettoie et range les outils et tout le reste du bordel.
19h30, je suis sale comme un peigne. (Pas top, le plastique cramé mélangé au cambouis) Je réquisitionne la salle de bain.
19h45, J'ai réussi à trouver des fringues pas trop mouillées. Ma chambre essaye de sécher avec plus ou moins de bonheur et le plafond est foutu.
19h58, On arrive pile dans la cour du resto-où-les-pizze-sont-si-bonnes, :cheers: La Manta, qui marche du feu de Dieu, vient de battre le record de sa catégorie sur la distance, et je vais devoir – pour cause de lit mouillé – passer la nuit chez la future madame riton après le resto. (Il y a des punitions plus dures).
La fin de journée a été un peu mouvementée, mais j'ai quand même bien fait de réparer cette fuite d'essence. On ne sait jamais, ça aurait pu foutre le feu.
Cordialement.
riton